© Docteur Roland NIEDERMANN 2024 - 2025
Dr Roland NIEDERMANN
Sortant du tunnel vaginal pour venir au monde, le nouveau-né crie; il lève au-dessus de sa gorge une colonne vibrante où tourbillonne ce qui sort du plus profond du corps, l’air du cri. Qui a le droit de polluer l’air du bébé? Qui a le droit de s’autoproclamer «Maître du monde» et, fort de ce titre, de s’approprier le droit de polluer la matière du cri, la même qui nous porte son message? Dès le premier souffle, le plus faible des faibles d’entre nous est forcé d’utiliser son organe. D’abord pour parer au mal porté par l’air sale, même avant de passer au vital: l’échange de gaz. Les premiers souffles placent le bébé dans l’ordre des «Maîtres». Leur ordre social oblige son corps à faire face à ses frères et sœurs, contre leur liberté de polluer; et combien fragiles sont ses tissus à construire, mais déjà mis à mal par ceux et par celles qui rendent malades le petit avant même que son cerveau ne le sache: leur culture est plus cruelle que la nature. Le médecin face à Midas Être au monde, c’est échanger avec le monde. C’est l’égalité, celle qui ignore l’or. Même Midas, après avoir transformé en or tout ce qu’il avait touché, «lève les bras au ciel et implore Dionysos de lui ôter ce don malheureux qui le fera mourir de faim et de soif» (1). La fable grecque récite les heures de bonheur du Roi de la matière morte avant que la soif et la faim n’enterrent son royaume. Mais aujourd’hui, le savoir ne nous accorde même plus une milliseconde royale. Femmes et hommes, producteurs ou consommateurs, les humains maltraitent le bébé: son souffle de vie devient danger pour lui. L’échange avec le monde prépare sa tombe. Des humains transforment les gaz qui le gazent. Un gazage qui se cache dans le temps. Qui prend la voie des allergies, ou celle des poumons faibles, des artères trop fines, ou des cellules qui dérapent - destruction aveugle. Le mal tue lentement, comme s’il n’était pas pressé. Mais il est efficace: chaque année 250 morts à Genève, 4'000 à 5’000 en Suisse , 480'000 en Europe, 8 millions dans le monde . Crions plus fort que le nouveau-né: notre œuvre, la pollution, rend malade et tue. Les pollueurs rendent malades leurs prochains; ils tuent. Nous jugeons, depuis peu, les criminels de guerre. À quand le tribunal pour celles et ceux qui tuent par pollution? Homo sapiens Les savants nous font part de l’échange entre l’univers et le vivant. Cet univers ni ne l’entoure ni ne l’environne. Allez, suivez Midas, accumulez l’or! Quelle sottise d’appeler notre mère «environnement»! Quel crime d’utiliser notre mère comme poubelle! Elle qui a enfanté mille et mille générations; elle qui produit les gaz de toute respiration, l’eau de toutes les boissons, la terre de tout aliment, le feu de toutes les températures. Elle qui restera la mère de toutes les générations et des éléments qui conditionnent, chaque seconde, des milliards de milliards de réactions physiques, chimiques et électriques de tous les organes et organismes - donc de la vie, y compris l’intelligence du Sapiens. Galilée Intelligeant le monde réel, Galilée quitta la prison géocentrique. La porte de sortie de l’Église fut ouverte, le pouvoir changea de lieu. À nous de quitter notre religion, l’anthropocentrisme, inscrit dans la Genèse 1, 28: «Dominez-là!» Soyez les «Maîtres de la Terre». Quel enfant domine sa mère physique et universelle, milliardaire et future, historique et génétique? Oui, le propre de l’enfant est de rêver d’anthropocentrisme. Si ce désir persiste chez l’adulte, il s’agit d’une maladie du cerveau. Oui, au 21 e siècle, le Roi Midas est un malade mental . L’État-Midas de l’économie-Midas Comme Midas, poussé par la course à la matière morte: l’or et l’argent, le capital et le PIB, l’État et l’économie, l’ordre social s’octroient le droit de polluer l’air du nouveau-né et de la mère. Le film protecteur, la première cellule pulmonaire, puis la seconde, la membrane basale, l’endothélium capillaire… oui, l’univers intérieur subit l’agression du culte de la trinité: «Prospérité, Croissance, Concurrence», culte devenu guerre. Mais la naissance cellulaire est permanente. Elle ne se réserve ni aux vertébrés ni au premier âge du vivant. La renaissance cellulaire est quotidienne et ubiquitaire. Dans ce microcosme, qui est aussi le nôtre, naissent tous les jours de nouvelles cellules, 200 milliards chez l’être humain. Mais nous ignorons l’impact de la pollution sur le renouveau sanitaire pendant un siècle d’existence vie. Légiférer aujourd’hui la pollution, c’est élever l’ignorance en raison d’État. Midas et l’amiante Les autorités connaissent l’amiante, dont la dispersion industrielle dans la biosphère humaine provoqua l’épidémie anthropogène du même nom. Un «or» interdit dans les années 1990. Mais attention, seulement parmi les Blancs. Loin d’eux, dans les anciennes contrées de nos colons, esclaves et génocides, nos semblables ne sont pas protégés. Ceux qui produisent nos biens, les PC, Smartphones et autres gadgets sont privés du même droit à la vie. Notre ordre social reste fidèle à l’inégalité. Les médecins de la Rome antique observèrent la mise à mal de la santé des esclaves dans les mines de l’amiante. Il fallait 2000 ans de Sapiens pour arrêter l’œuvre Midas chez les Blancs. Dans combien de siècles l’ordre social sera digne de l’ordre naturel? Le médecin conteste La mère protège le bébé et nous montre notre devoir. «Primum non nocere.» «In-nocente» soit l’attitude de celles et ceux qui suivent le médecin de Kos. Protéger la vie et la santé du bébé et de la mère, une évidence naturelle. L’essence de sa profession oblige le médecin à combattre toute loi pro-pollution, tout accord selon la loi du marché de la pollution - un principe dont on attend toujours qu’il expie son crime triangulaire. S’appuyant sur sa science et sa conscience, le médecin a le devoir de contester à quiconque le droit de nuire, de polluer. LE DROIT DE POLLUER N’EXISTE PAS. Midas et sa loi ne protègent pas la vie «POURQUOI SOMMES-NOUS LIBRES DE DÉTRUIRE LE MONDE? NOS BIENS SONT PROTÉGÉS PAR LA LOI, EST-IL ACCEPTABLE QUE LA VIE NE LE SOIT PAS?» (2) Le droit de polluer n’existe pas dans la Constitution fédérale. Par contre, son art. 2 octroie à la société et à l’État leur première mission: la protection de la liberté, celle qui est inscrite dans le Droit de l’Homme: «L’HOMME EST NÉ LIBRE.» La première liberté, la liberté à la vie, prime sur toute autre liberté. Tant que le marché des Droits de polluer n’aura pas prouvé son innocence par rapport à la liberté du bébé et de la mère des futures générations, il est à traiter comme celui de l’«or» de l’amiante. La vie et la santé conditionnent la liberté; la matière morte ne connaît ni l’une ni l’autre . Polluer, intoxiquer, asphyxier le bébé, sa mère, l’avenir: seul un malade mental en est capable. Aux non-malades de le soigner, de mettre un terme à son œuvre: les maladies et les épidémies anthropogènes. Dr Roland Niedermann, médecine interne générale FMH, membre de AefU. VI/2021 1)     De   l’or   au   bout   des   doigts.   Don   ou   malédiction   ?   Fils   de   Gordios   et   de   Cybèle,   le   riche   Midas   règne   sur   la   Phrygie.             Un   jour,   il   offre l’hospitalité   à   Silène   qui,   à   cause   de   son   grand   âge   et   du   vin,   a   perdu   la   trace   du   cortège   de   Dionysos. Après   dix   jours   et   dix   nuits   de   fêtes ininterrompues,   le   souverain   rend   son   hôte   au   jeune   dieu.       Silène,   voulant   récompenser   Midas   pour   sa   générosité,   lui   demande   de   formuler un   vœu.   Midas,   avide   de   richesses,   souhaite   que   tout   ce   qu’il   touche   se   transforme   en   or.   Il   n’attend   pas   longtemps   pour   s’assurer   que Dionysos   l’a   exaucé:   il   ramasse   un   caillou   qui   aussitôt   devient   pépite;   la   motte   de   terre   se   change   en   lingot…   Mais   le   roi   déchante   tout   aussi vite   lorsque   les   serviteurs   lui   apportent   à   manger:   les   mets   deviennent   solides,   les   boissons   ne   sont   plus   qu’or   liquide.           Comprenant   son infortune,   Midas   lève   les   bras   au   ciel   et   implore   Dionysos   de   lui   ôter   ce   don   malheureux   qui   le   fera   mourir   de   faim   et   de   soif.   Le   dieu   accepte à condition que Midas se purifie en se baignant dans le Pactole. 2) Aurélien   Barrau   «   Le   plus   grand   défi   de   l’histoire   de   l’humanité   »,   cf.   «   Climat   et   biodiversité   :   des   questions   qu’il   faut   poser » Jean Martin BMS 2019 ;100(2930) : 1002–1003. 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